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De la Patagonie à l'Alaska
11 mars 2018

l'Equateur : changement d'hémisphère

Nous poursuivons notre route en Équateur, toujours en terre andine (la chaîne des Andes prend fin en Colombie). Dans ce pays aussi, le mode de vie et les traditions quechuas demeurent bien prégnantes. Le développement rapide de ses infrastructures (hôpitaux, réseau routier, écoles,...) fait de lui une sorte de Pérou en plus propret, tant la différence avec l'insalubrité des villes et des campagnes péruviennes est frappante. L'instruction, l'éducation et le niveau de vie y sont aussi sensiblement plus élevés. La conscience écologique collective en est certainement l'une des plus visibles émanations. En dépit d'une corruption lancinante, de quelques choix discutables (interventionnisme exagéré, choix du dollar comme monnaie nationale, limitation et surtaxation des importations, impôts considérables, mauvaise gestion des exploitations pétrolières, opérations minières de grande envergure en forêt primaire,...) et des récessions passagères qui en découlent, la tendance est ainsi à la croissance économique et à la diminution de la pauvreté. La politique progessiste du président socialiste Correa - n'en déplaise aux hégémonies capitalistes occidentales - a de fait des répercussions favorables indéniables, érigeant le pays en figure de proue dans les démocraties socialistes d'Amérique latine.

Fin de la digression. L'entrée en matière ne se présente pas sous les meilleurs auspices. La météo déplorable ne nous permet en effet pas de profiter des trésors ornithologiques qu'offre d'ordinaire à ses visiteurs le parc Podocarpus ni de la beauté austère et rustique du parc Cajas. Nous en prenons en revanche plein les mirettes en parcourant les étales aussi colorées que les costumes des marchands et chalands des marchés de Saraguro, Guamote et Saquisili. Le bruit de scies et des coups de haches s'abattant lourdement sur les carcasses des divers bestiaux s'y mélangent aux mugissements désespérés de leurs congénères sagaces quant au sort que leur réservent leurs bourreaux. Nos yeux se détachent rapidement de ce spectacle funeste pour remonter le temps à travers les visages burinés des vieillards usés ou rencontrer ceux, amusés, des jeunes locaux. Nos narines ne sont pas en reste et sont même mises à rude épreuve. Les odeurs se succèdent sans crier gare de la plus délectable à la plus repoussante, les contraignant à un qui-vive constant mais nécessaire à la prévention de toute réaction physiologique malencontreuse.

De Cuenca, ville touristicoloniale jusqu'à Quito, ce sont les volcans qui occupent le haut de l'affiche. Nous grimpons le flanc du Chimborazo, connu pour être le sommet le plus élevé au monde malgré ses 6268 mètres, tenant compte de la forme légèrement aplatie de notre planète au niveau des pôles et rembourrée à l'équateur. Ce qui nous amène au nom donné à ce pays qui n'a évidemment pas l'exclusivité de la ligne imaginaire. Cela s'explique tout simplement par le nombre élevés de montagnes de haute altitude qui ont permis de prendre les mesures nécessaires à sa définition.
Le soir, nous nous concoctons une savoureuse fondue aux fromages suisses (on y croit, on y croit!), que  nous transformons rapidement, par commodité, en une véritable raclette.
Au matin, nous marchons jusqu'au refuge Whymper à 5100m d'altitude. Nous n'avons cependant pas le mérite de ce dernier qui le premier gravit son sommet en 1880 (et au vu du parterre de stèles dédiées à chaque alpiniste décédé de part et d'autres du chemin, il fallait en avoir!), le van nous conduisant bien confortablement jusqu'à 4800m.
Mais le temps est exécrable, à l'image de l'humeur de Guillaume qui ne possède pas la sagesse stoïcienne d'Audrey et qui est en proie à une frustration qu'il peine à contenir. Nous poursuivons envers et contre tout notre pèlerinage sur la route des volcans. Et notre abnégation finit par payer (où sont-ce les supplications de Guillaume qui ont trouvé résonnance?) et se voit gratifiée entre le Cotopaxi et le lac volcanique Quilotoa de magnifiques paysages andins.

Nous parvenons enfin à Baños, point de départ de notre excursion en forêt amazonienne. En lieu et place des bains volcaniques auxquels la ville doit son nom mais desquels nous sommes gentiment blasés, nous optons pour une randonnée à cheval plutôt sportive pour le plus grand bonheur d'Audrey.

Après s'être ingurgité les 7 Rocky d'affilée, nous décidons tout enthousiastes (pour combien de temps?) d'insérer une séance de fitness dans notre programme quotidien, découvrant par la même une source d'inspiration à priori insoupçonnée.
La veille de notre départ pour les Galapagos, à l'heure du coucher, le bus se met à tanguer ostensiblement. Imaginant là l'oeuvre d'un individu malintentionné, Guillaume, oubliant sa peur, encore sous l'effet Rocky et plus déterminé que jamais à protéger son Adrienne, se précipite à l'encontre de l'intrus, prêt à en découdre. Mais aussi loin qu'il lui est donné de voir dans la pénombre, rien à l'horizon. Nous nous endormons aussi perplexes que peu rassurés. La clé du mystère nous sera délivrée au réveil. Un séisme de 6.2 a à nouveau secoué l'Equateur...

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Passé les réticences du recours à quelque prestataire de services, nous nous laissons donc séduire par les charmes si singuliers de l'Amazonie. Quatre jours dans le parc national Yasuni en pleine forêt tropicale amazonienne sont programmés, accompagnés d'un guide, indispensable en terrain si hostile. Nous faisons route jusqu'à Coca, là où les embarcations prennent le relais des véhicules.
Les Andes ne sont pourtant pas loin mais nous changeons en trois coups de volant d'ambiance, de décor et de température! En chemin, nous faisons halte pour la nuit à Puerto Misahualli, antichambre de l'Amazonie. Il se trouve qu'on est dimanche et nous sommes donc très vite assaillis par les enfants du village. Dans une sorte de réflexe espagnol, nous nous en servons pour laver notre voiture. Dans un registre moins léger, ils nous confient que faute d'argent, ils sont contraints de jeûner les dimanches, figurant certainement parmi les rares écoliers à se réjouir de reprendre le chemin de l'école chaque lundi. C'est donc tout naturellement que nous partageons notre almuerzo avec eux.

La deuxième journée est éprouvante aussi bien physiquement que psychiquement. Nous apprenons à notre réveil qu'un gigantesque éboulement coupe la route que nous devons emprunter, tuant une dizaine de personnes. Nous sommes contraints de faire un détour conséquent, imprévu insignifiant quand on pense que partis trois jours plutôt, nous aurions certainement figuré au nombre des morts. Nous nous pensions à l'abri sur cet autre tronçon mais il n'en est rien. Après quelques kilomètres, nous sommes immobilisés en raison d'un accident mortel. Suite aux pluies diluviennes de ce mois de juin, la montagne dégueule de partout. Nous sommes vraiment tendus. Nous arrivons finalement  à bon port sains et saufs, mais pas au bout de nos angoisses.

Ce n'est en effet qu'une fois à l'entrée du parc que nous prenons conscience que notre entreprise revêt un côté un peu téméraire. Les Huaoranis qui occupent la réserve, autrefois réunis au sein d'une seule et même tribu sont depuis l'arrivée des premiers missionnaires en 1942 et sur fond d'obédience divergente quant à l'accueil à réserver aux compagnies pétrolières aussi bien qu'au tourisme sont divisés en deux clans. Les familles pacifiées (le peuple huaorani est constitué de familles isolées réparties sur un vaste territoire) tolèrent la présence d'autrui tandis que les "sauvages" refusent tout contact avec "la civilisation". Entrer sur le territoire, c'est signer son arrêt de mort. Hostiles et impitoyables, ils ont récemment occis des employés du pétrole et kidnappé deux enfants. Deux mois plus tôt, deux aborigènes qui venaient de ramener des touristes subissaient le même sort funeste. On nous dit donc d'être très prudents. Merci, mais on s'y prend comment exactement? Une intuition subliminale nous invitant à renoncer à cette escapade émerge alors, jusqu'à ce qu'une brochure nous indiquant comment réagir en cas d'attaque nous soit fournie. Suffisait de demander! De plus, les cinq potes grisons qui nous accompagnent étant fraîchement formés de la meilleure armée du monde nous n'avons plus aucune raison de nous faire du mouron. Force est toutefois d'admettre que face à la constitution trapue et musculeuse de ces indigènes, nous ne pesons vraiment pas lourd! Nous découvrons ensuite la pirogue qui doit nous permettre de pénétrer les inquiétants abysses de la forêt échouée au fond du lit limoneux du rio en raison des récentes inondations. Nos biceps sont mis à contribution des heures durant. Notre mauvais pressenti de départ finit de se convertir en véritable axiome. Par esprit de contradiction, nous relevons malgré tout le défi et nous perdons rapidement sous la canopée.

Le soir, nous installons notre campement dans une communauté pacifiée (ai-je besoin de le préciser?). Nous sommes surpris de découvrir des gens vêtus d'habits conventionnels. Ils nous expliquent dans leur langue (ils ne parlent ni espagnol ni quechua, pour n'avoir jamais rencontré ni les uns ni les autres) qu'à l'exception de ceux vivant dans les tribus les plus reculées et sauvages, les indiens d'Amazonie au contact de la civilisation en ont subi l'influence et ne vêtent leurs "costumes" (ou plutôt leur tenue d'Adam) plus que les jours de fête.
Pour autant, quand nous apprenons qu'ils s'entretuent régulièrement à coup de lances et de sarbacanes entre clans ennemis, nous sommes rassurés sur la pérennité de leurs moeurs. On nous fait comprendre que nous réagissons avec notre sensibilité d'occidentaux. Chez eux, la mort d'un être, même le plus cher, n'éveille qu'une émotion aussi contenue que passagère. Après un souper et une veillée autour du feu, nous nous installons dans notre tente où nous attend une tarentule.
Nous réalisons lors de la visite d'une seconde communauté l'indigence dans laquelle ces gens vivent. On nous les décrit, à l'instar de toutes les autres communautés, comme peu intelligents. Nous cherchons à comprendre pourquoi ils ne sont jamais parvenus à évoluer. Il semblerait que dans un milieu si peu disposé à accueillir l'être humain, leur quotidien ne peut qu'être exclusivement dévolu à la recherche - souvent infructueuse - de nourriture. IIs n'ont simplement pas de temps à consacrer à l'instruction, que personne n'est de toute façon en mesure de transmettre. Seule importe la transmission des savoirs prosaïques nécessaires à leur survie (techniques de chasse, de pêche ainsi que des connaissances médicinales). On peut dès lors concevoir que réflexions métaphysiques ou religion ne soient pas au centre de leurs préoccupations.
Puis nous partons à la pêche aux piranhas. Une seule personne de l'équipe (par déduction, pas Guillaume) en pêche un. Ses dents de requin blanc, toute proportion gardée, sont à la hauteur de sa réputation. A la nuit tombée, c'est à la chasse aux caïmans que nous partons. Notre guide, d'un saut habile et leste en attrape rapidement un. Ce n'est pas le crocodile du Nil mais du fait de son agressivité, il nous faut le manipuler con mucho cuidado. Audrey l'apprend à ses dépens. 
Une fois de plus, dauphins de rivière, anacondas et jaguars manquent à l'appel. Pour autant, nous quittons l'Amazonie ravis d'avoir pu vivre une expérience unique, au milieu d'un écosystème sans pareil et au contact de ses fascinantes populations.

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Les Galapagos

Pour cette escapade aux Galapagos, nous sommes rejoints par Émilie. Pour la première fois, nous sommes habités tout au long de notre séjour de cet agréable sentiment d'avoir vraiment une sacrée veine (en plus d'être ici je veux dire!). Ces moments presque euphorisants au contact privilégié de cette formidable diversité d'animaux sont d'autant plus magiques que nous pouvons les partager avec elle. Si nous ajoutons à cela la beauté sans pareille de ces paysages et plages volcaniques, nous pouvons nous prévaloir de vivre le temps d'une semaine un aperçu du paradis.

Après un bref passage au marché traditionnel d'Otavalo histoire pour Emilie de faire le plein de babioles et de se mettre quelques images de la culture andine dans la tête et l'appareil photo, il vient le moment trop tôt arrivé de se séparer. Au terme d'une visite fort appréciée.

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